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Discours du Haut Représentant du Président de la Commission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel lors de la journée de l’Afrique 25 Mai 30 Mai

Discours du Haut Représentant du Président de la Commission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel lors de la journée de l’Afrique 25 Mai

Excellence Monsieur le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale,

Excellences Mesdames et Messieurs les Ministres,

Excellence Monsieur le Haut Représentant du Président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord de Paix,

Excellences Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs

Monsieur le Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies au Mali,

Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales et Régionales au Mali,

Chers Invités,

Le 25 mai de chaque année, nous célébrons la journée de l’Afrique, journée qui nous rappelle qu’à cette date 32 pays africains indépendants ont décidé de la création de l’Organisation de l’Unité Africaine en 1963, OUA, devenue plus tard en 2002 l’Union Africaine.

Je voudrais ce soir souhaiter la bienvenue à toutes celles et à tous ceux qui nous ont fait l’honneur de répondre à notre invitation. Aujourd’hui c’est la fête de l’Afrique, c’est la fête des Africains et de leurs Amis, je souhaite à tous une bonne fête.

Nous célébrons cette journée de l’Afrique au moment où au Mali, un nouveau gouvernement vient d’être mis en place, un gouvernement de large ouverture, formé à la suite de l’Accord politique assidument négocié entre acteurs politiques maliens, lequel Accord trace des perspectives pour un certain nombre de questions importantes. Je voudrais saluer cette initiative de haute portée politique, entreprise par Son Excellence Monsieur Ibrahim Boubakar KEITA, Président de la République du Mali, afin de répondre, dans l’unité, à la situation particulière que vit le pays. L’Union Africaine soutient toujours l’idée de dialogue politique inclusif, parce que cette approche a toutes les chances de permettre aux Autorités Nationales, aux Acteurs Politiques et au Peuple Maliens de venir à bout des défis qui sont les leurs aujourd’hui, et qui ont été identifiés avec pertinence. L’Union Africaine est prête à donner sa contribution dans la consolidation de cette approche.

Excellences Mesdames Messieurs,

Depuis les années passées jusqu’à ce jour, l’Union Africaine s’est impliquée dans le processus de sortie de crise au Mali. Elle était en première ligne lors des négociations de Ouagadougou, puis d’Alger, elle est partie prenante à la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, elle soutient et contribue à toutes les réformes entreprises dans le sens de l’application de cet Accord.

Au niveau politique par exemple, l’Union Africaine a contribué au partage d’expériences africaines en matière de décentralisation, en organisant un séminaire international y relatif ici à Bamako du 10 au 12 avril 2018, elle a accompagné les initiatives dans le domaine des réformes du secteur de la défense et de la sécurité en organisant un autre séminaire sur le DDR en mars de cette année.

C’est l’occasion pour moi de féliciter le Gouvernement Malien et les autres Parties Signataires pour les progrès réalisés. Et paraphrasant le Conseil de Paix et de Sécurité du 09 avril 2019, j’exhorte les Parties Signataires de l’Accord de Paix à aller de l’avant. Par ailleurs, je me réjouis que l’Accord politique qui a débouché sur la mise en place du nouveau gouvernement, donne une place de choix à l’application de l’Accord de Paix, certaines réformes annoncées dans la feuille de route vont créer, je n’en doute pas, les meilleures conditions pour faciliter la mise en œuvre de certains de ses aspects.

Excellences Mesdames Messieurs,

Le Mali est situé dans une région de plus en plus instable, j’ai cité le Sahel, où la situation de sécurité se complique de jour en jour, où l’insécurité gagne du terrain continuellement. Le Nord et le Centre du Mali restent objet d’attaques terroristes contre les forces armées maliennes et les forces internationales qui les appuient. Dans les pays voisins, au Burkina Faso les attaques sont devenues fréquentes au Nord et à l’Est du pays, le Niger est confronté à la même insécurité à l’Ouest et au sud. L’extension de cette insécurité est telle que les pays longtemps épargnés de ce fléau courent le risque d’être atteints sous peu. La situation est la même dans les pays du Bassin du Lac Tchad à des degrés divers.

Comme vous le savez, cette insécurité provoque des mouvements forcés des populations les unes à l’intérieur de leur pays, les autres en dehors de leurs pays, si bien qu’aujourd’hui la région du Sahel connait un nombre important de déplacés et de réfugiés avec comme conséquence immédiate une crise humanitaire aigue.

Consciente de la gravité de cette situation au Sahel et dans certaines autres régions de l’Afrique, le dernier sommet de l’Union Africaine a retenu comme thème de l’Année 2019 : « Année des Réfugiés, des Rapatriés et des Personnes déplacées : pour des solutions durables au déplacement forcé en Afrique ». C’est la raison pour laquelle, au titre des activités de la présente semaine dédiée à l’Afrique, et en collaboration avec le Gouvernement malien et le Haut-Commissariat pour les Réfugiés, HCR, nous avons organisé une conférence pour sensibiliser sur cette problématique.

Excellences Mesdames Messieurs,

La situation est inquiétante à maints égards, elle inquiète l’Union Africaine, elle inquiète tous les acteurs engagés dans la stabilisation du Sahel dans tous les domaines. Il y a urgence. Il y a urgence à ce que nous puissions, en étroite collaboration avec les pays concernés, déployer tous nos efforts afin de faire face à cette situation. Il y a urgence à ce que nous arrivions à ajuster nos approches, sans cela le risque de débordement est bien réel. Je n’ai pas de solution miracle à proposer, mais retenons que cette situation nous interpelle.

Dès le début de sa présence au Mali, l’Union Africaine a entrepris un certain nombre d’initiatives pour contribuer à faire face aux défis du Sahel. En effet c’est en 2013 qu’elle met en place le Processus de Nouakchott, qui, à titre de rappel, a comme objectif la promotion de la coopération entre les pays de la région du Sahel en matière de sécurité. L’Union Africaine vient de revitaliser ce processus, et souhaite le transformer petit à petit en un cadre de coordination des interventions en matière de sécurité. La dernière réunion dans ce sens vient de se tenir les 25 et 26 avril 2019 à Ouagadougou au Burkina Faso, pays qui assure présentement la présidence.

L’Union Africaine continue à appuyer les mécanismes régionaux de sécurité mis en place sur initiative des pays concernés comme la Force Conjointe du G5 Sahel, la Force Multinationale mixte, FMM, opérant dans le Bassin du Lac Tchad. Ces mécanismes font des progrès malgré le peu de moyens dont ils disposent. Je saisis cette occasion pour féliciter les pays dans leurs efforts à les rendre plus opérationnels, et je remercie les partenaires de ces pays pour leur appui politique, diplomatique, militaire et financier. Compte tenu de la situation décrite plus haut, il s’avère nécessaire d’aller plus loin, et ajuster ces mécanismes à la hauteur de la menace.

Comme beaucoup d’acteurs dans la région du Sahel l’ont compris, répondre aux défis actuels ne peut plus se limiter aux seules approches sécuritaires. Il faut plutôt une approche globale, multiforme et holistique. C’est pourquoi l’Union Africaine s’implique dans les processus de paix comme au Mali, en Lybie, elle soutient au niveau économique, les plans régionaux de réhabilitation comme le Programme de Réhabilitation du Bassin du Lac Tchad, le Programme d’Investissements Prioritaires du G5 Sahel. En fin, l’Union Africaine est engagée dans d’autres thématiques comme le changement climatique, les migrations, la transhumance, la gestion des conflits entre agriculteurs et éleveurs…pour ne citer que celles-là.

Excellence Mesdames Messieurs,

La situation est difficile dans la région du Sahel, et nous n’avons d’autre choix que de nous engager encore plus et de nous organiser encore mieux. Les efforts des pays, des organisations régionales ou internationales doivent s’inscrire dans une vision holistique et de long terme. C’est ainsi que nous pouvons espérer avoir des résultats concrets.

Pour conclure je voudrais encore vous remercier vous tous qui avez répondu à notre invitation, remercier tous ceux qui ont contribué à la réussite des activités organisées pour célébrer la Journée de l’Afrique, particulièrement le Ministère de l’Intégration Africaine, le Ministère de l’Industrie et du Commerce, le Ministère de la Solidarité et de la Lutte contre la Pauvreté, la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali, le Haut-Commissariat pour les Réfugiés HCR, sans oublier les Cadres et Agents de la Misahel. Les uns et les autres n’ont rien ménagé pour que toutes les activités jusqu’à cette soirée soient une réussite et je les remercie.

Vive l’Afrique et Bonne Fête à Tous.