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DISCOURS DE S.E. MOUSSA FAKI MAHAMAT PRESIDENT DE LA COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE A LA REUNION PREPARATOIRE DU CONSEIL EXECUTIF MALABO (REPUBLIQUE DE GUINEE EQUATORIALE) 25 MAI 2022 27 Mai

DISCOURS DE S.E. MOUSSA FAKI MAHAMAT PRESIDENT DE LA COMMISSION DE L’UNION AFRICAINE A LA REUNION PREPARATOIRE DU CONSEIL EXECUTIF MALABO (REPUBLIQUE DE GUINEE EQUATORIALE) 25 MAI 2022

Madame la Présidente du Conseil exécutif,
Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil exécutif,
Madame la Vice-présidente de la Commission de l’Union africaine,
Mesdames et Messieurs les Commissaires,
Madame et Messieurs les secrétaires exécutifs et généraux des Communautés
économiques régionales,
Mesdames, Messieurs,
Je suis particulièrement heureux de prendre la parole à l’occasion de cette réunion du
Conseil exécutif de l’Union africaine, préparatoire aux Sommets extraordinaires sur les
questions humanitaires, la lutte contre le terrorisme et les changements anti
constitutionnels de gouvernement.
Permettez-moi d’exprimer notre reconnaissance à Son Excellence Teodoro Obiang
Nguema Mbasogo, Président de la République de Guinée Equatoriale, à son
gouvernement et au peuple équato-guinéen, pour tous les efforts consentis pour le bon
déroulement de nos travaux.
Simple coïncidence ou heureux présage, notre Conseil se tient le jour même où nous
célébrons le 59ème anniversaire de la création de l’Organisation de l’Unité africaine,
devenue Union africaine il y a 20 ans. Puisse cette Journée spéciale pour l’Afrique inspirer
nos travaux et éclairer nos délibérations.
Madame la Présidente du Conseil exécutif,
Mesdames et Messieurs,
Votre Conseil va se saisir à la fois des questions humanitaires et de l’épineuse question
du terrorisme et des changements anticonstitutionnels sur le Continent. Deux
thématiques qui s’abreuvent l’une l’autre, des causes et des conséquences.
Le tableau qu’offre la situation humanitaire actuelle est loin d’être reluisant. Il est
fortement assombri par les données statistiques fournies par les agences spécialisées.
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Cette déplorable situation résulte de la combinaison d’un ensemble de facteurs d’origine
à la fois humaine et naturelle.
Ainsi, aux conflits armés internes prolongés, aux conflits intercommunautaires, aux
multiples effets du changement climatique sur les capacités de production agricole et sur
les pâturages engendrant crise alimentaire et nutritionnelle, est venue s’ajouter dès
février 2020 la pandémie de la covid-19. Elle a opéré comme un redoutable multiplicateur
de difficultés dont les conséquences sont aujourd’hui renforcées et amplifiées par l’impact
du conflit russo-ukrainien.
En se renforçant mutuellement, les effets négatifs de ces facteurs induisent l’accélération
du processus de dégradation des conditions de vie des personnes en situation de
détresse humanitaire.
L’Afrique compte aujourd’hui, selon les données mises à jour par les agences
humanitaires environ 113 millions de personnes ayant besoin d’aide humanitaire, dont 48
Millions sont des réfugiées, des demandeurs d’asile et des déplacées internes. Il faut
répondre en urgence aux besoins de ces personnes afin de préserver ce qui leur reste
de dignité humaine. Si rien n’est fait, il faudrait s’attendre à une augmentation de ce
nombre et à une irréversible plongée dans la sous-humanité de ces frères et sœurs.
L’Union africaine n’a pas attendu la dégradation actuelle de la situation des réfugiés et
personnes déplacées internes pour réagir. Dans une démarche proactive d’anticipation,
elle avait, dès 2009, adopté la Convention de Kampala. Assortie d’une Déclaration
organisée autour d’une cinquantaine de recommandations à visée pratique, cette
Convention ambitionnait de prendre efficacement en charge le défi posé par les
personnes victimes de déplacements forcés sur le continent. Dans cette perspective
opératoire, l’UA a convoqué en 2011 la première Conférence humanitaire des donateurs
qui s’était tenue sous la thématique « Une Afrique, une voix contre la faim ».
L’UA a par ailleurs renforcé l’institutionnalisation de ses efforts dans le champ de
l’humanitaire. La nouvelle structure départementale de la Commission issue de la réforme
institutionnelle a consacré l’avènement d’un nouveau département. Sa dénomination.

Santé, affaires humanitaires et développement social, reflète l’engagement politique
de nos leaders en faveur des moins favorisés.
Tâche complexe dans sa densité, l’Union africaine ne peut valablement s’en acquitter
seule. C’est pour cela que la particularité de votre réunion est aussi qu’elle se pencher
sur la Conférence des donateurs. Répondre aux déficits de financement de l’aide
humanitaire doit être une urgence pour l’Afrique quand on sait que l’attention est plus
tournée vers l’Europe de l’Est avec le conflit entre la Russie et l’Ukraine. Je vous fais
grâce des chiffres, mais la mobilisation des ressources financières au profit de cette
région est sans commune mesure par son ampleur, comparée à ce qui été mobilisé et
destiné à l’Afrique au cours des dernières décennies.
Madame la Présidente du Conseil exécutif,
Mesdames et Messieurs,
Le deuxième volet de votre Conseil concerne le phénomène du terrorisme et des
changements anticonstitutionnels.
Le premier est une gangrène qui infecte progressivement toutes les régions du Continent.
De la Libye en Afrique du Nord au Mozambique en Afrique australe, du Mali en Afrique
de l’Ouest à Somalie dans la Corne de l’Afrique en passant par le Sahel et l’Est de la
RDC en Afrique Centrale, le terrorisme ne cesse d’étendre sa toile macabre, avec des
conséquences considérables sur les finances, les économies et la sécurité des
populations. Chaque jour, des victimes sont enregistrées. De nombreux villages et
champs sont désertés. Des centaines d’écoles sont fermées.
La mutualisation de nos efforts, la synergie de nos stratégies et l’appui des partenaires
ont certes permis de contenir le terrorisme, mais ne l’ont pas totalement éradiqué. Il
constitue toujours une préoccupation majeure pour de nombreux États qui investissent
l’essentiel de leurs ressources pour le combattre ou pour se protéger.
Quant aux changements anticonstitutionnels de gouvernement, fléau récent mais
heureusement encore très localisé sur le Continent, ils viennent marquer un recul des
processus démocratiques engagés dans de nombreux pays depuis une trentaine
d’années.
Les réunions du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine ont été fortement
marquées ces dernières années par l’inscription à leur ordre du jour des points relatifs à
ces changements. Il en a résulté des mesures de suspension des États concernés. Par
ailleurs, les délais des transitions mises en place au lendemain de ces changements
anticonstitutionnels, sont devenus des sources de dissension et parfois de tension,
préjudiciable à la stabilité des États concernés.
Cette situation nouvelle nous interpelle quant à la pertinence et la mise en œuvre des
instruments dont nous nous sommes dotés pour prévenir les atteintes au
constitutionnalisme et à l’alternance démocratique.
C’est sur ces maux qui plombent sérieusement l’évolution du Continent que votre Conseil
devra se pencher afin de poser les balises nécessaires pour éclairer les Chefs d’État,
dont la clairvoyance et la sagesse seront déterminantes pour les conclusions des deux
Sommets.
En vous souhaitant de fructueuses délibérations, je vous remercie de votre bienveillante
attention.