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Colloque régional sur la radicalisation et l’extrémisme violent dans le Sahel : Eléments de l’Initiative de prévention et de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent | 8-10 Décembre

 

Excellence Monsieur Ibrahim Yacouba, Ministre des Affaires étrangères, de la Coopération, de l’Intégration africaine et des Nigériens de l’extérieur de la République du Niger,

Excellence Monsieur Pierre Buyoya, Haut représentant de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel,

Excellence Monsieur Najim El hadj Mohamed, Secrétaire permanent du G5 Sahel,

Distingués invités,

Mesdames et Messieurs,

 

Je me réjouis de l’organisation de la présente réunion par la mission de l’Union africaine pour le Mali et le Sahel, qui fait suite à celle tenue à Bamako en octobre dernier sur la thématique de la lutte contre la radicalisation et de l’extrémisme violent qui sont deux défis majeurs auxquels la région du Sahel est confrontée depuis plusieurs années.

Je me réjouis également de la présence d’acteurs et partenaires majeurs qui permettra d’engager une réflexion approfondie sur les choix stratégiques à faire pour appréhender ce fléau qui menace la stabilité de toute une région déjà fragilisée par une multitude de défis.

En effet, depuis plus d’une décennie, la région du Sahel est confrontée à de nombreux défis transnationaux et interconnectés, notamment la criminalité transfrontalière, la radicalisation, l’extrémisme violent, le terrorisme et les trafics de tout genre.

Cependant, ces dernières années, la radicalisation, l’extrémisme violent et le terrorisme ont relégué les autres défis au second rang.

Pour ne prendre que l’année en cours, elle a été marquée par une série d’actes terroristes au Mali, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso et dans les pays du Bassin du lac Tchad. Au Mali, nous assistons à une expansion de la violence avec des alliances entre les groupes terroristes et le crime organisé transfrontalier. Le conflit armé et la faiblesse de l’Etat en Libye continuent aussi d’avoir un impact sur la sécurité dans la région du Sahel, en particulier sur le Niger et le Tchad, deux pays de la région partageant de longues frontières avec la Libye. Dans la région du Bassin du Lac Tchad l’insécurité persiste malgré la coopération régionale, notamment dans le cadre de la Force multinationale mixte (MNJTF), qui a permis de réduire de façon significative la capacité opérationnelle de la secte Boko Haram.

Mais hélas, si nous avons remporté des batailles, la guerre contre l’extrémisme violent est loin d’être gagnée. Pour remporter cette ultime bataille et gagner ainsi la guerre contre le terrorisme et l’obscurantisme, nous devons aller au-delà de l’action militaire. Les causes de la radicalisation et de l’extrémisme violent sont multiples et il nous faudra les traiter toutes.

Il nous faut une action holistique. Il nous faut donc agir sur la société, ses repères, et les comportements de ses différentes composantes.

Il nous faut revoir la gouvernance de nos États et de nos communautés afin de les rendre capable d’offrir des perspectives à la jeunesse.

 

Mesdames et Messieurs,

L’extrémisme violent est un phénomène transnational complexe qui demeure au centre de nos préoccupations. Tous les acteurs de la société, que ce soit l’Etat, la société civile, les organisations régionales et internationales doivent être mobilisés et engagés dans la recherche de solutions pour mieux prévenir et lutter contre ce phénomène.

Ce colloque régional sur la radicalisation et l’extrémisme violent dans le Sahel s’inscrit ainsi dans le cadre de la recherche de solutions.

Il permettra, je l’espère, de soutenir les pays de la région dans l’identification et la mise en œuvre d’actions concrètes pour traiter les causes profondes de ce fléau.

Mesdames et Messieurs,

L’extrémisme violent affecte les quatre domaines prioritaires définies par les Nations Unies, à savoir, la paix et la sécurité, l’assistance humanitaire, les droits de l’homme et le développement.

Animé par la volonté d’agir contre cette menace globale, le Secrétaire général des Nations Unies a ainsi présenté en décembre 2015 un plan d’action pour la prévention de l’extrémisme violent. Ce plan, qui a pour objectif de mettre en œuvre de manière systématique des mesures de prévention pour répondre aux facteurs conduisant à l’extrémisme violent au niveau local, national, régional et global, fait échos aux piliers I et IV de la stratégie antiterroriste mondiale adoptée par les Nations Unies en 2005 et réaffirmée par l’Assemblée Générale en juillet dernier.

Ce Plan d’action témoigne de la mobilisation de tout le système des Nations Unies pour soutenir les efforts de prévention des pays touchés par ce fléau.

Le plan d’action invite les états membres à adopter des plans d’actions nationaux, eux-mêmes s’inscrivant dans le cadre de plans d’actions régionaux.

La situation sécuritaire qui prévaut dans la région du Sahel requière une approche régionale. Aucun pays, aucune région ne peut mettre un terme à ce fléau de manière isolée. Une coopération régionale et une action commune des acteurs sont essentielles pour un impact durable sur le terrain.

La formulation de réponses harmonisées, dynamiques et concrètes à l’échelle nationale et continentale nous permettrons de surmonter ensemble les crises et relever les défis transfrontaliers que sont la radicalisation et l’extrémisme violent.

Le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel entretient un partenariat étroit avec les institutions de la région et les organisations internationales qui y sont actives pour relever ensembles les défis que je viens d’évoquer.

C’est ainsi qu’en collaboration avec le Gouvernement Suisse, nous avons organisé en juin dernier une conférence à Dakar sur ce thème de la radicalisation et de l’extrémisme violent dans le contexte de la mise en œuvre du plan d’Action du Secrétaire général. Nous avons également mobilisé la communauté internationale et les partenaires régionaux en soutien à la MNJTF dans la lutte contre le Boko Haram. Dans ce contexte, une stratégie régionale anti-terroriste pour le Bassin du lac Tchad a été élaborée par les États membres de la Commission du Bassin du lac Tchad, avec notre appui et celui de la CEDEAO et de l’Union africaine, en octobre 2014.

Dans le cadre de notre coopération avec le G5 Sahel, nous soutenons l’opérationnalisation de la Cellule régionale de lutte contre la radicalisation et l’extrémisme violent. Cette cellule régionale est un résultat de la réunion de haut niveau sur la radicalisation et l’extrémisme violent dans le Sahel, tenue, ici même, à Niamey en mai 2015.

Cette cellule  constitue un outil innovant et efficace qui  permettra une meilleure analyse des facteurs de radicalisation mais aussi une meilleure coordination entre les pays de la région et les autres partenaires dans le domaine de la prévention et de la lutte contre ce phénomène.

Mesdames et Messieurs,

Avant de conclure mon propos, permettez-moi de remercier les autorités et le peuple du Niger pour leur hospitalité et l’accueil chaleureux.

Je voudrais aussi et plus particulièrement, remercier mes collègues et frères Mr. le Haut Représentant Pierre Buyoya et Monsieur Najim El hadj Mohamed et, a travers eux, tous leurs collaborateurs, pour la qualité de la préparation et de l’organisation des présentes assises et d’avoir bien voulu y associer le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel.

Je vous souhaite à toutes et à tous une réunion couronnée de succès.