Introduction
Depuis la chute du refuge afghan, la zone sahélo-saharienne devient de plus en plus l’un des sanctuaires du terrorisme mondial et un nouveau siège potentiel du réseau Al-Qaida, en raison de :
- l’existence du maquis algérien, et plus précisément du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), qui a affirmé officiellement son allégeance au réseau d’Oussama Ben Laden ;
- la porosité des frontières sahélo-sahariennes ;
- la faiblesse des appareils de sécurité des pays sahéliens, et donc d’un contrôle territorial aléatoire ;
- l’existence dans cet espace de populations musulmanes pratiquant l’islam à travers des formes radicales venues du sous-continent indien ou du monde arabe, qui peuvent porter les germes d’une violence spécifique, et ce, d’autant que ces pays bénéficient d’une aide financière des pays du Golfe, mais aussi parfois de la Libye, dont une partie peut être détournée vers des groupes radicaux, voire violents.
Le Niger se trouve dans un espace géographique caractérisé par des menaces terroristes sans précédent qui endeuillent continuellement des familles des paisibles citoyens et des forces de défense et de sécurité.
Ces menaces sont qui sont aussi bien externes qu’internes ont suscité une réaction régalienne de l’Etat. C’est dans ce sens que des dispositions ont été prises ou en cours pour mieux cerner cette préoccupation.
Les dispositions prises et/ou en perspective dans le pays pour prévenir et lutter contre l’extrémisme religieux violent
Pour faire face à ce phénomène, le gouvernement du Niger a pris plusieurs mesures dont entres autres :
- le lancement de la Stratégie de Développement et de Sécurité dans les zones sahélo-sahariennes du Niger (SDS Sahel-Niger);
- La création des structures régionales du dialogue inter et intra religieux (comités régionaux du dialogue intra et inter religieux);
- La création de l’Agence Nigérienne de la Lutte Contre la Traite de Personnes ( ANLTP) ;
- La création du Centre National d’Etudes Stratégiques et de Sécurité (la CNESS) qui comporte deux (2) volets: un volet sécuritaire et un volet civil prenant en compte le sujet de la radicalisation ;
- Le déploiement des forces de défense et de sécurité et le renforcement de leurs capacités logistiques notamment dans les zones victimes des incursions régulières des groupes terroristes ;
- La proclamation et le renouvèlement de l’état d’urgence dans les Régions touchées par les attaques terroristes ;
- L’encouragement des partenaires au développement à financer et à mettre en œuvre des programmes et projets permettant de prévenir la radicalisation et de lutter contre l’extrémisme violent;
- La sensibilisation des populations sur la radicalisation et l’extrémisme violent ;
- L’instauration des patrouilles sur l’ensemble du territoire national ;
- L’implication des leaders religieux et les médias dans la sensibilisation, l’éducation et la formation des jeunes;
- La déradicalisation et la réinsertion sociale des repentis de Boko Haram ;
- Au niveau de l’administration civile en charge de la gestion des questions religieuses, l’Etat, à travers la Direction des Affaires Religieuses (DAR), a procédé à l’élaboration d’une feuille de route servant de déclique à la mise en route des réformes dans la gestion des affaires
Cette feuille de route comporte neuf (9) axes spécifiques qui sont:
- l’élaboration d’une politique, d’une vision et des stratégies nationales en matière de gestion des affaires religieuses ;
- la mise en place d’un dispositif législatif et réglementaire en prenant tous les textes nécessaires contribuant à un bon suivi des activités religieuses (notamment les volets : prêches, construction des mosquées et nomination des imams, gestion des écoles coraniques, associations religieuses) ;
- la lutte contre l’extrémisme violent à travers: la formation religieuse et professionnelle des repentis de Boko haram (dont la formation des formateurs débutera le 28 juillet prochain) et la déradicalisation des détenus terroristes en milieu carcéral;
- le renforcement des capacités des leaders religieux et les structures de formation religieuse (écoles coraniques) ;
- la réglementation de la diffusion des prêches par les medias;
- la promotion du dialogue inter et intra religieux;
- la création d’une harmonie et une inter-action entre la Direction des Affaires Religieuses et les associations religieuses;
- le développement de la coopération entre la Direction des Affaires Religieuses et les institutions religieuses des autres Pays;
- Le renforcement des capacités de la Direction des Affaires Religieuses.
Cette feuille de route sera présentée, discutée et validée lors d’un forum national sur le thème: “définition des normes d’encadrement de la pratique de la religion musulmane au Niger „ qui se tiendra à Niamey en novembre prochain. Ce forum réunira l’ensemble des acteurs nationaux exerçant dans la sphère religieuse, la société civile, les institutions, la chefferie traditionnelle, et des experts en gestion des affaires religieuses de certains pays africains.
Conclusion
L’ensemble de ces mesures déjà prises ou en cours ont eu un impact certain dans la réduction de la capacité de nuisance des groupes terroristes ainsi que le phénomène de l’insécurité résiduelle et seront au moyen et à long terme des outils sûrs de prévention de la radicalisation et de lutte contre l’extrémisme violent.